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Science et science-fiction: pourquoi toujours pas de voitures volantes?

Je me propose ici d’examiner rapidement un problème auquel nous avons tous pensé un jour ou l’autre:

Après avoir vu un documentaire sur les nouvelles technologies ;

En repensant à un film d’anticipation visionné par le passé ;

En imaginant les applications d’un objet high-tech ;

Ou tout simplement en considérant votre smart-phone.

Où va toute la technologie? Pourquoi n’agit-on pas? Pourquoi tout a-t-il tout d’un coup l’air si laborieux?

Une première réponse est évidente, elle se trouve du côté de la volonté et du financement. Premièrement, les décideurs, politiques ou chercheurs, ne jugent pas les raisons suffisantes pour déclencher une course à l’espace. Deuxièmement, les financements ne vont pas dans ce sens: on ne réalise plus des bons, on préfère améliorer toujours un peu plus. La mode n’est plus aux pionniers mais aux versions alpha, bêta, puis 1.0, puis 2.0, etc… On en trouve partout. On réédite des ouvrages avec des modifications, on sort un téléphone par an avec de petites avancées. On adapte des technologies connues à de nouveaux environnements. On va plus loin avec les mêmes techniques qui nous ont amenés jusqu’ici.

Mais la caravelle qui a emporté Colomb en Amérique n’est-elle qu’une barque 7.0 ? Le cinéma a-t-il subi une étude de marché avant commercialisation?

Et pourtant, des merveilles de technologie existent dans les laboratoires. On pense inévitablement aux jouets des Grecs qui marchaient à la vapeur ou aux techniques subtiles développées dans les laboratoires médiévaux, quand les médecins ne soignaient que les riches…

C’est que la recherche est aujourd’hui au service des entreprises et des egos. Elle s’est engoncée dans un système au point de s’y fondre, et ce système n’encourage pas un travail continu plusieurs années de suite pour poursuivre un but. Il faut produire régulièrement et de plus en plus, articles, livres, travaux. On ne se concentre plus sur un grand projet, on subdivise tout en petites tâches, on rationalise la progression du travail, on exige des statistiques publiables dans les rapports. A la réalisation d’un objectif, on a préféré “pèpèriser” la recherche en un travail d’homme-machine, avec des procédures bien établies et une autorité sèche et implacable quand il s’agit de les appliquer.

Alors certes, cela est plus sûr. L’aspect de la recherche s’en trouve aussi plus maîtrisé, plus respectable. Mais l’on est bien loin de cette recherche qui se rapprochait plus de la démarche artistique, avec ses grandes envolées et ses espoirs fous… Les scientifiques aujourd’hui, même quand ils s’alarment, le font posément et avec neutralité.

Sera-ce la faute aux chercheurs si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique? N’est-ce pas à eux aussi d’agir?

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L’Islam: une nouvelle histoire et une histoire nouvelle

Les articles et les réactions pleuvent en ce moment. Leurs auteurs font preuve parfois de discernement, rarement de capacités analytiques profondes… et encore plus rarement de la culture nécessaire pour aborder le problème.

Il s’agirait de restreindre le champ aux faits. Une acte terroriste, illégal d’un bout à l’autre. Motivé par une idéologie illégitime. Exécuté par des criminels violents, illettrés et stupides. Certaines réactions face à cela sont acceptables, d’autres non, et la différence est facile à faire. Voilà, on a fait le tour.

Maintenant, qu’en est-il de l’Islam aujourd’hui en France, en Europe?

L’Islam a une histoire, ou plutôt plusieurs histoires, car il s’agit de la religion de nombreuses personnes au cours des siècles. Il ne s’agit pas ici de reprendre son histoire ou d’évoquer son passé glorieux de tolérance et d’avancées scientifiques. Venons-en directement à l’Histoire récente.

L’Islam ne s’est pas heurtée de plein fouet aux Lumières et à l’anti-cléricalisme française comme le Christianisme. L’Islam n’a pas passé l’épreuve du feu: c’était la religion des colonisés, une religion culturelle, identitaire, dès le départ. Une religion du tiers-monde aussi, dont les préceptes se sont engoncés dans la tradition, dont les têtes n’ont jamais subi d’autres assauts que ceux de la science aveugle.

Nous avons donc :

  1. La tradition musulmane. Elle se manifeste par un respect accru du ramadan ou des interdits alimentaires, puis par des exagérations de la tradition comme le voile intégral, noir de surcroît. Il convient ici de rappeler qu’autrefois le ramadan était organisé et décrété par les autorités politiques et religieuses, et ce pas systématiquement (il est à souligner que respecter le ramadan n’est en aucun cas recommandé, surtout pour les malades et les enfants).
  2. Une hiérarchie religieuse ininterrompue et autoritaire. Les musulmans respectent la parole des imams, au point de leur vouer ce qui ressemble souvent à des cultes de la personnalité. La prétention à la théocratie et au droit divin aujourd’hui sont limités au Vatican, à Lhassa et à un certain nombre de personnalités islamistes ou musulmanes.
  3. Une religion identitaire mais prosélyte et universaliste. De plus en plus, les musulmans expatriés refusent l’intégration s’ils n’ont pas la possibilité d’exister en tant que musulmans. Ils veulent s’habiller musulman. Ils portent une barbe musulmane, un chapeau musulman. Ils préservent et parlent la langue de leurs parents et de leurs grand-parents. Même en Indonésie les vêtements à la mode séoudite font fureur. On voit des keffiehs sur les têtes malaises, l’emportant partout sur le fez, peut-être trop identifié aujourd’hui à la coiffe de l’arabe colonisé (c’est le fèz que portent les indigènes qui aident Tintin ou Mortimer dans leurs aventures). Dans le même temps, l’islam est en train de devenir une religion fortement identitaire, voire communautariste, et les musulmans veulent imposer leurs particularismes (leurs traditions nouvelles, pourrait-on dire) aux sociétés européennes.

Dans cette perspective, il me parait inévitable que l’Histoire de l’Islam suscite un intérêt renouvelé, et qu’elle soit de ce fait remise en perspective de plusieurs manières. Sauf que ce à quoi nous assistons, c’est à une réécriture de cette Histoire, au sens propre: des islamistes reforment un califat, des clercs musulmans font appliquer la charia. Comme aux heures les plus sombres de l’Histoire, des bandes de pillards et de violeurs se réclament de cette religion… De l’autre côté, les musulmans refusent d’être “modérés”, ils font montre de défiance vis-à-vis de la culture des Lumières – généralement par pure ignorance. Les étudiants musulmans se réunissent au sein d’associations musulmanes, et demandent des aménagements pour faciliter la pratique de leur religion (même si parfois il ne s’agit que d’aménagements alimentaires, cela fait bien longtemps que les chrétiens refusent de manger de la viande le vendredi ou que les athées supportent les colliers représentant la croix ou le croissant).

Les musulmans ont de gros efforts à faire s’il ne veulent pas être traités comme des relents moyenâgeux du fanatisme et de l’ignorance. Ils doivent être curieux, aller à l’université, questionner leur foi, accepter la critique, le rire, l’art, les mots. Blasphémer signifie en grec “dire des gros mots”: seuls les enfants ont peur de dire des gros mots.. Respecter signifie en latin “prendre en considération”, et non pas “craindre”.

Amis musulmans, si vous voulez vivre dans mon monde, un monde où les vrais problèmes sont ceux du changement climatique et des inégalités sociales, où les rêves sont le voyage spatial et la guérison universelle, vous devez évoluer. Il peut arriver que des modes de vie deviennent incompatibles, et dans ces cas-là, c’est la guerre civile, le retour en arrière. Le spectre de l”extrême droite réapparaît. Vous ne voulez vraiment pas être tenus responsables d’une telle situation.

Le cerveau d’Einstein

L’intelligence, le génie. Des capacités intellectuelles hors du commun, alliées à la bizarrerie et au non-conformisme. Mais aussi des pieds plats, on l’oublie souvent.

La figure d’Einstein se mêle allègrement à celle du savant fou et du prodige. On ne peut imaginer que le savant soit un homme comme les autres: son cerveau doit avoir quelque chose en plus! C’est ainsi qu’au cours du temps:

  1. Le cerveau d’Einstein aurait été plus gros que les autres. 
  2. Il aurait eu des lobes pariétaux plus gros.
  3. Il aurait contenu plus de cellules gliales.
  4. La scissure de Sylvanus (appelée aujourd’hui sillon central: à la limite entre lobe pariétal et lobe temporal) n’aurait pas eu la même inclinaison que sur les autres cerveaux.

Voilà les réponses.

  1. Ceci est tout simplement une légende urbaine et une déformation. Aucun observateur du cerveau d’Einstein n’a dit ceci.
  2. 3. 4. En effet. Voici l’étude la plus récente du cerveau d’Einstein, avec des photos pour se rincer l’œil: The cerebral cortex of Albert Einstein: a description and preliminary analysis of unpublished photographs. On peut ajouter que l’hémisphère gauche est plus gros que le droit.

Avant cela, le grand explorateur du cerveau était Thomas Harvey: http://www.quebecscience.qc.ca/Einstein/etrange-destin-du-cerveau-Einstein .

Maintenant qu’on a observé les différences entre le cerveau d’Einstein et les 100 cerveaux de la banque de donnée de l’université McMaster de Hamilton ou les 85 cerveaux de la Robert Wood Johnson Medical School, Quelles sont les erreurs d’interprétation à éviter?

  1. La particularité du cerveau d’Einstein n’est pas unique. Ses configurations particulières sont observées que des sujets atteints de troubles du langage, en premier lieu la dyslexie.
  2. Un échantillon de 100 cerveaux est difficilement représentatif de la population humaine, étant donnée la variabilité structurelle du cerveau entre les individus mais aussi au cours de la vie d’un individu. 
  3. Enfin, le plus grave: la méthode. Car expliquer le génie d’Einstein en  observant qu’il avait probablement une meilleure représentation spatiale, c’est un syllogisme. De plus, il n’y a pas aujourd’hui de définition scientifique de l’intelligence ou du génie. Rien ne prouve dans le cas d’Einstein que le génie n’est pas lié aux pieds plats.

Ce qui nous amène aux neurosciences: aujourd’hui, les neurosciences continuent d’avancer par tâtonnement. Les médecins examinent le cas d’individus privés de certaines zones de leur cerveau (par maladie ou accident) ou ils observent l’activité du cerveau face à des stimuli qu’ils jugent pertinents. Autrement dit, ils travaillent sur des cerveaux vivants et commencent juste à comprendre ses fonctions de base. 

Autrefois on associer différentes qualités et défauts aux bosses du crânes, et on appelait ça la phrénologie. Associer la grandeur et les caractéristiques de différentes régions du cerveau au génie ou à la poésie est une nouvelle forme de phrénologie.  Dans l’état actuel, il n’est possible d’être affirmatif que dans le cas de définition et se pathologies clairement circonscrites. 

 

Conseil

Si vous vous intéressez à la recherche et aux trouvailles étonnantes, je vous conseille l’excellente émission de Jean Claude Ameisen sur France Inter, Sur les épaules de Darwin